Entrevue avec Manon Bédard

Entrevue réalisée par Espace Country – 15 juillet 2019
Photos : Neil Armstrong
Article : Annabelle Lacroix

Manon Bédard fait partie de l’univers country québécois depuis plus de 20 ans.
Espace Country a eu la chance de la rencontrer pour prendre de ses nouvelles.

Tu viens de la ville de St-Tite qui est reconnue pour son Festival western depuis maintenant 52 ans. Est-ce que cette ville a contribué à ton amour pour la musique country?

« Tout à fait. Mon amour pour la musique country vient vraiment de ma ville natale St-Tite. J’ai des beaux souvenirs de quand mes parents m’emmenaient sous les chapiteaux et que j’entendais la musique country. Pour moi, c’était vivant, c’était joyeux, c’était entrainant. J’ai tout de suite frappé des mains et tapé des pieds. La musique country a immédiatement habité mon âme. Chaque année, j’allais au festival. C’était un rituel. Tout part de là, de ma ville natale. »

Quand as-tu joué au festival pour la première fois?

« Oh c’était spécial! J’avais déjà joué au festival avant d’être connue. Je jouais en duo avec mon copain de l’époque sous les chapiteaux. Mais je te dirais qu’en 1998, quand j’ai chanté aux Estrades, ça m’a rentré dedans! Quand tu te dis que Johnny Cash et tous les grands noms de la musique country sont passés par là, c’est quelque chose d’assez spécial et d’assez grandiose! Je me souviens que je voulais voir les gens dans la foule alors les techniciens les ont tous éclairés. Je capotais, c’était plein à craquer! Ce sont tellement des beaux souvenirs. »

On t’a connue en 1997 surtout grâce au yodel. Comment ce style musical et vocal est-il entré dans ta vie? Quand t’es-tu aperçue que tu en étais capable?

« Vers l’âge de 9 ans, j’ai entendu mon père yodler pour la première fois. Je ne savais pas du tout c’était quoi. Il m’a expliqué qu’il avait appris ça d’un de ses oncles. J’étais vraiment impressionnée. J’essayais alors de yodler comme lui! Cependant, c’est réellement au niveau collégial, lorsqu’un ami m’a fait écouter des cassettes de Roger Miron, de Marie King et de Daniel Dumas, que tout a commencé et que j’ai appris des chansons complètes de yodel. J’ai par la suite été voir mon professeur de chant pour qu’il place ma voix, car, le yodel, c’est une technique vocale très particulière. J’ai aussi participé à Cégep en spectacle en interprétant « Les cloches de ma vallée » de Marie King. Je suis arrivée en deuxième place! Quand on ne gagne pas, il ne faut jamais désespérer. Beaucoup d’artistes de talent ayant une grande carrière aujourd’hui ont un jour perdu un concours. C’est un petit clin d’œil comme ça en passant! »

Tu dis souvent qu’il est important de vivre le moment présent. Qu’est-ce que ces mots signifient pour toi?

« C’est que le passé est passé et le futur n’est pas encore arrivé. Vivre le moment présent, ça nous permet de goûter pleinement à la vie. Pour moi, c’est ça le bonheur ; c’est de savourer toutes les petites choses de la vie. »

Peux-tu nous parler de ton plus récent album « Née Country »?

« Oui avec plaisir! Les réalisateurs de l’album sont Sébastien Dufour et André Rondeau. Il a bien compris qui j’étais parce que l’album est musicalement extraordinaire. Il est composé de huit covers et de quatre chansons originales. Entre autres, je reprends des chansons populaires comme « Des croissants de soleil » de Ginette Reno et « Je veux toute toute vivre ma vie » d’Angèle Arsenault. Celles que j’ai choisies pour cet album me représentent et sont tous des messages que j’avais envie de livrer au public. Pour ce qui est des chansons originales, je suis très chanceuse parce que Monsieur Paul Daraiche a écrit spécialement pour moi « Ton p’tit cri de joie », qui rend hommage au yodel de mon père, et « Mon histoire » qui rend hommage à ma ville natale, à mes amis et à mes parents. « Le yodel de la petite chanteuse » est une chanson écrite par Daniel Lacaire et composée par Genevière Paré. Les gens fredonnent cette chanson-là et me la demandent en spectacle. C’est tellement joyeux! En ce qui concerne la chanson « Née Country », c’est ma première composition. Écrite en collaboration avec mon conjoint et sa soeur, elle raconte les plus beaux moments vécus sur la terre où j’ai grandi. C’est un album rempli de lumière, de bonheur et de plaisir. »

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Concernant la chanson Née Country, ressentais-tu un besoin d’écrire à ce moment-là?

« Oui, ça faisait longtemps que j’avais un besoin d’écrire. Je rêve peut-être en couleurs, mais je rêve, qu’un jour, tout le monde chante une de mes chansons! Des chansons comme « Quand on est en amour » de Patrick Norman ou « Un amour qui ne veut pas mourir »
de Renée Martel, c’est mythique.
J’envoie ça dans l’univers! »

Tu as toi-même produit cet album. Comment décrirais-tu ton expérience en tant que productrice?

« J’ai adoré parce qu’on est là du début à la fin et parce que c’est nous qui avons le dernier mot. Dans ma carrière, j’ai produit mes albums Tel que promis et Née Country. S’il y avait quelque chose que j’aimais vraiment ou quelque chose avec laquelle je n’étais pas à l’aise, ben c’est moi qui prenais la décision finale. Je trouve ça extraordinaire d’avoir vu les albums grandir du début à la fin. Par contre, c’est beaucoup de sous. Mais j’ai adoré l’expérience! »

« Pour moi, chanter, c’est de donner du bonheur, de donner de l’amour. C’est pas juste chanter!
C’est le public qui est là devant et qui a du plaisir à m’entendre. »

Tu prépares présentement ton prochain album. En quoi sera-t-il différent des précédents?

« L’album va s’appeler Courtepointe, mais une courtepointe bien particulière parce que chaque morceau de celle-ci me rappelle une de mes plus grandes valeurs. C’est une belle continuité de l’album Née Country. C’est un album composé exclusivement de chansons originales écrites, composées et réalisées par Pascal Allard! C’est un nouveau son beaucoup plus country/rétro, un peu comme le premier disque de Dolly Parton. C’est un album avec beaucoup d’acoustique et très organique, pas synthétique du tout. J’ai vraiment hâte de vous le présenter! La collaboration entre Pascal et moi a commencé parce qu’il m’a demandé de faire une chanson en duo avec lui qui s’appelle Jamais pas du tout. Son écriture m’a fascinée et c’est lui que je voulais pour écrire mes chansons! Il y a aussi Stéphanie Labbé au violon qui a su apporter ce magnifique son qui nous rappelle nos plus grandes traditions. C’est extraordinaire ce qu’elle a fait. Courtepointe, c’est aussi pour se rappeler d’où l’on vient. Avec la nouvelle technologie, on perd beaucoup le côté humain. Avec cet album-là, je souhaite simplement que l’on se rappelle qu’il est important de se parler entre amis, mais pas juste au téléphone, de se voir. C’est un héritage que je veux laisser grandir dans nos mémoires pour ne pas oublier les générations qui nous ont légué la musique. »

jamais pas du tout

Avec qui travailles-tu pour cet album? 

« J’ai une très belle équipe qui m’entoure avec le label Hook Records, Distribution Select et Jacynthe Plamondon qui est productrice de l’album et maison de disque avec Sarah Morasse. Pascal Allard est l’auteur, le compositeur et le réalisateur des dix chansons de l’album. C’est vraiment extraordinaire comment Pascal a su mettre par écrit les histoires que je lui racontais. Il a réussi à écrire du Manon Bédard et non du Pascal Allard. Il a vraiment été capable d’aller chercher ma couleur à moi. Il a su me faire grandir en tant que femme et artiste et j’ai un immense respect pour cet homme-là. Il a mis tout son cœur et son talent dans mes dix chansons. Le public pourra se reconnaitre à travers celles-ci même si elles racontent mon histoire. Comme La dernière danse, le texte touche tout le monde. Et c’est ce que je voulais. »

Justement, tu viens de lancer La dernière danse ; le premier single de l’album. Peux-tu nous parler de la chanson?

« La dernière danse est en collaboration avec Mack et Ro qui ont eu la gentillesse d’accepter de faire un duo avec moi! Je les appelle les Gentlemen du country. Quand ils ont accepté, j’étais vraiment contente. Ce sont des artistes très dynamiques, très chaleureux et très proches de leur public, tout comme moi. Je voulais être entourée de gens qui ont la même énergie que moi pour cet album. L’auteur-compositeur est Pascal Allard. »

la dernière danse

Concernant la mise en marché de l’album, as-tu une nouvelle stratégie puisque la manière de faire la distribution a beaucoup changé à travers les années?

« Oui! Tout d’abord, on a réalisé que ce n’est plus comme avant. Je fais un lancement à St-Tite le 6 septembre prochain, mais, normalement, on devrait faire un gros lancement à Montréal. Pour cet album-ci, on a plutôt choisi une chanson et on va faire un vidéoclip. On va le distribuer partout sur le web et sur les réseaux sociaux. Je ne peux pas en dire plus, mais je pense que ce sera aussi fort qu’un lancement. Ce sera nouveau et on est rendu là! Par contre, il ne faut pas oublier le côté humain, alors il faut mélanger tout ça. »

Va-t-on retrouver ton élément signature : le yodel?

« Oui bien sûr! Je ne pouvais pas passer à côté parce qu’on m’a connue avec le yodel. Pascal m’a écrit une belle chanson et les gens vont pouvoir yodler avec moi en spectacle! C’est vraiment original et j’ai aimé sa façon de l’écrire. C’est un beau clin d’œil. »

Manon Bédard

Que ferais-tu si tu ne chantais pas?

« Oh mon dieu! Si je ne chantais pas… Ah c’est difficile. Ben, je suis proche des gens. J’ai déjà étudié comme infirmière, donc je pense que je serais en gérontologie comme aidante pour accompagner les personnes en fin de vie. La musique serait toujours là. Je jouerais de l’harmonica et de la guitare! »

Que n’as-tu jamais fait du côté professionnel que tu aimerais faire?

« J’ai plein de rêves! Mais musicalement, ce serait d’aller chanter du yodel en France. Aussi, j’ai connu deux petites filles de la France. Entre autres, il y a Satine qui a participé à The Voice Kids en France où elle a interprété Elle m’a montré à yodler, la chanson que j’ai popularisée en 1997. Elle a des millions de cotes d’écoute! J’aimerais aller en France et, pendant qu’elle interprète la chanson dans un de ses spectacles, arriver derrière elle et la faire en duo! »

…Et du côté personnel?

« Ouf… Je fais déjà plein de choses! Je fais de la peinture, du sport, de la randonnée pédestre, du vélo. Mon dieu, ça ne me vient pas. Je fais déjà plein de choses que j’aime! Sauter en parachute! Pourquoi pas! »

Quelle folie aimerais-tu faire, mais que tu n’as jamais osée?

« J’en fais déjà tous les jours des folies! Mon côté enfant est omniprésent! » 

Qu’est-ce qui s’en vient pour toi avec le lancement du nouvel album ?

« Je travaille présentement avec mes musiciens sur le lancement et sur la tournée qui s’en vient. Pour l’instant, on se concentre sur le vidéoclip et sur le lancement. On va aussi inclure quelques nouvelles chansons dans les festivals cet été pour les roder et pour les présenter aux gens! » 

Maintenant que tu as plus de 20 ans de carrière, que peut-on te souhaiter pour la suite?

« Que ça continue! Que le public continue d’aimer ce que je fais parce que j’aime tellement ça et de continuer ce bel échange avec lui. J’aime autant recevoir de l’amour, du bonheur et du plaisir que d’en donner au public à travers mes chansons. J’en demande pas plus! Et la santé, c’est vraiment tout ce que je souhaite. »

Manon Bédard lancera son album Courtepointe au Festival western de St-Tite le 6 septembre prochain dès 18h00. 

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manonbédard.com festivalwestern.com