Article : Annabelle Lacroix
L’auteure-compositrice-interprète Karo Laurendeau est une artiste hors du commun. Lancement d’album, tournée, télé, radio, rien ne l’arrête! Celle qui aurait voulu être Johnny Cash nous présente aujourd’hui ses nombreux projets lors d’un entretien léger et tout en simplicité.
Tu viens tout juste de lancer ton quatrième album en carrière De terre et d’asphalte. Peux-tu nous en parler un peu plus?
On est tous vraiment fiers! En fait, c’est une belle continuité je trouve de l’album La fureur de vivre. C’est un beau complément. C’est différent un peu dans le son : on voulait quelque chose d’un peu plus musclé, quelque chose qui bouge. Ça décrit bien mon petit côté givré! C’est un peu ça qu’on retrouve dans cet album-là. Il y a aussi beaucoup de couleurs par la diversité des musiciens qui ont participé. Je pense que chaque chanson a vraiment sa propre identité. Je suis bien contente de cet album-là!
Que veut dire le titre « De terre et d’asphalte » pour toi?
C’est en fait la première chanson que j’ai écrite sur l’album. J’avais commencé à écrire un texte et je l’ai envoyé à Rob Langlois, qui a réalisé l’album et qui est un grand complice des dernières années. C’est lui qui est arrivé avec le titre. C’est mon petit côté dualité que je pense que bien des gens ont. Moi, j’ai besoin de ma campagne, mais faut pas que je sois trop loin de la ville. J’ai besoin de calme, mais pas trop longtemps parce que je vais inviter du monde! C’est un peu ça cette chanson-là et je pense qu’il y a beaucoup de gens qui se retrouvent là-dedans.
commandez iciTu as travaillé avec beaucoup de musiciens de renom sur cet album dont Rob Langlois et John-Anthony Gagnon-Robinette. D’où sont nées ces belles collaborations?
Dans les dernières années, la musique m’a apporté des rencontres merveilleuses. C’est suite à des projets que j’ai rencontré ces musiciens-là. Faut dire que Rob est dans le métier depuis plusieurs années aussi. Par exemple, y’a la participation de Guillaume Doiron qui était une connaissance de Rob. Même chose pour Fred St-Gelais qui a masterisé l’album, qui m’a offert une chanson et qui a aussi joué de la guitare. C’est un grand ami à Rob. Donc j’ai cette chance d’avoir pu connaître ces gens-là et je suis vraiment reconnaissante. Des fois, je regarde tous ceux qui ont participé et je me sens vraiment privilégiée.
Avec Rob, ça fait 4 ou 5 ans qu’on se connaît. C’est sûr que j’ai roulé ma bosse avant. Je viens d’un milieu musical comme bien de mes amis artistes. On a poussé dans la potion quand on était petits! Mais Rob, il est arrivé au parfait timing. J’étais rendue là. C’était la première fois que je travaillais avec un réalisateur, quelqu’un qui avait une vision. Et Rob a un très grand sens de l’observation et je pense qu’il a vraiment cerné ce que j’avais envie de dire et comment je voulais le dire. Et d’ailleurs, dans le dernier album, je pense que ça s’entend et qu’on ressent cette complicité-là qui s’est développée au courant des dernières années. Comme au niveau des textes parce qu’on a co-écrit des chansons ensemble, au niveau de la musique aussi. Il est arrivé au bon moment.
Le premier extrait J’aurais voulu être Johnny Cash connaît présentement un beau succès. Peux-tu nous parler de cette chanson?
C’est Rob qui a écrit cette chanson-là. Je l’appelle souvent « ma machine à idées »! Ha ha! Quand il m’a envoyé la chanson, j’en revenais pas… Quand je dis qu’il a un sens de l’observation! Je veux dire, quand on est ensemble, on parle de plusieurs affaires, mais ce côté-là, mon admiration pour Johnny Cash, je ne lui avais pas partagé tant que ça. Et moi, j’ai toujours fait des chansons de Johnny Cash quand je faisais des festivals, même plus jeune. Et ma façon de présenter ça quand j’étais petite, c’était de dire : « Moi, j’aurais voulu être une Johnny Cash ». À chaque fois que j’en parle, j’ai des frissons! Et pour moi, Johnny Cash, c’est ce côté-là un peu givré, un peu rebel. Et j’ai toujours admiré ça. Ça fait partie de mon petit côté « dualité ». C’est une chanson que je porte fièrement.
En plus de tes albums, tu es également à la barre de l’émission Aller-Retour Country sur les ondes de MAtv et tu viens tout juste de terminer l’animation de l’émission Destination New Country sur CKAJ. Qu’aimes-tu le plus de la radio et qu’aimes-tu le plus de la télévision?
Ce que j’ai vraiment apprécié de la radio, c’est de pouvoir connaître la relève. Y’a eu une belle évolution dans le country ces dernières années. La relève est là et y’a beaucoup d’auteurs-compositeurs aussi. Il y a beaucoup de couleurs dans notre country au Québec. De pouvoir recevoir les nouveautés et de faire des entrevues avec plein de monde, j’ai vraiment apprécié. Et la télé, ce sont les belles rencontres aussi. C’est sûr que Aller-Retour Country, c’est mon projet, c’est mon petit bébé. Quand je me suis lancée dans ce projet-là, je n’avais aucune idée si j’allais aimer ça. Je souhaitais juste que les gens apprécient et j’espérais ne pas être trop poche! Mais je me suis lancée avec mon cœur et j’adore ça, la télé. J’adore les belles rencontres. Et j’ai ma gang aussi avec qui j’ai bâti tout ça et avec qui on va tourner une sixième saison. Je trouve que la radio et la télé, c’est un beau complément à ce que je veux faire dans la vie. Je suis toujours en apprentissage, j’ai encore à apprendre et j’apprends de la relève, des artistes avec qui je partage la scène. J’aime ça prendre de l’expérience de tout le monde.
En plus des albums, de la radio et de la télé, la tournée est repartie en force pour toi depuis quelques semaines. À quoi le public peut-il s’attendre?
C’est une chance! Je remercie et j’ai tellement de gratitude d’avoir pu recommencer. J’ai bien des amis artistes qui auraient voulu avoir cette chance-là. Et en plus, ce sont des plateaux doubles que je fais, des fois avec Phil G. Smith et des fois avec Les Fils du Diable. Je suis une fille de gang, donc je trippe de pouvoir faire ça! On fait chacun notre partie de spectacle. Moi, c’est un peu la transition entre La fureur de vivre et le nouvel album. On retrouve donc un peu des deux albums dans le spectacle. Et on partage la scène aussi pour une chanson. Même si ce sont des petites salles, je ne sais pas si c’est parce que ça m’a tant manqué, mais sérieusement, y’a quelque chose de différent dans l’énergie du public. On sort de là à chaque soirée et on a rempli notre cœur d’amour pour faire un bout. Ça fait vraiment du bien. Et ça continue, il reste encore des dates. On est vraiment contents.
T’attendais-tu à ce que le public soit autant au rendez-vous? Avais-tu certaines craintes?
Bin oui! Et moi, c’était surtout les mesures… Les premiers spectacles que j’ai faits, c’était avec le masque, les gens n’avaient pas le droit d’avoir une consommation. Maintenant, ça c’est allégé. C’est le fun, on peut voir des sourires! Mais c’était pas comme ça. Donc, oui j’avais peur. J’étais mal à l’aise pour les gens et je m’en faisais beaucoup pour eux. Mais sérieusement, je n’ai pas senti ça du tout. Même les commentaires des gens étaient très positifs, ça leur faisait oublier leur masque. Donc je me disais « mission accomplie ». Ça a été de belles soirées.
Même si ce sont des petites salles, je ne sais pas si c’est parce que ça m’a tant manqué, mais sérieusement, y’a quelque chose de différent dans l’énergie du public. On sort de là à chaque soirée et on a rempli notre cœur d’amour pour faire un bout. Ça fait vraiment du bien.
En parlant de la pandémie, tu es retournée à ton ancien travail en tant que préposée aux bénéficiaires. Peux-tu nous parler rapidement de ton expérience? Pourquoi as-tu décidé de t’impliquer?
En fait, je n’ai pas vraiment analysé avant d’y aller. Quand la pandémie est arrivée, j’ai fait un peu comme tout le monde, j’ai été une couple de semaines sur mon divan à pleurer… Je me souviens que quand le Festival Western de St-Tite a annoncé qu’il annulait, là je me suis demandé ce qu’on vivait. Je suis une fille d’action et je sais que j’ai besoin de ça. Si ça roule pas assez vite, je vais déprimer, je me connais. Donc, j’ai pas vraiment analysé, je savais qu’ils avaient besoin de monde et je me suis inscrite. En même temps, le côté humain m’a fait du bien. Est-ce que j’ai trouvé ça facile? Non. J’ai surtout pu constater l’épuisement du personnel, j’ai trouvé ça difficile. Ça n’avait pas de bon sens. C’est ça que j’ai trouvé le plus difficile. Mais j’ai adoré le rapport avec les résidents. J’ai même amené ma guitare, j’ai fait des concerts pour les divertir. Parce qu’il n’y avait plus d’activités. J’ai joint ce que j’aime faire et j’ai essayé de faire un peu de bien. Mais ça a été une très belle expérience. Les projets ont continué aussi et tout ça m’a gardé en vie.
La fureur de vivre, ton précédent album, a connu un gros succès! On compte plusieurs prix et nominations au Gala Country, au Gala de l’ADISQ et au Gala de la SOCAN dans les deux dernières années. Comment prends-tu cette reconnaissance du public et de l’industrie?
De voir l’industrie… ça fait chaud au cœur! Ce sont mes premiers prix en carrière. Je n’avais jamais rien reçu et c’est arrivé tout en même temps! C’est beaucoup d’amour. Y’a eu des larmes de joie en masse. Ça a continué pendant un bon bout avec les témoignages du public. Et du milieu aussi, ça m’a beaucoup touché. D’avoir Renée Martel qui t’envoie un message, Laurence Jalbert aussi. Faut dire que j’ai une personnalité qui se remet en question à longueur de semaine. Je vais rester comme ça, mais de recevoir tout ça, ça fait du bien. Et c’est suite à ça que ça m’a donné le goût de faire De terre et d’asphalte. Rob a embarqué là-dedans à fond.
QUESTIONS EN RAFALE
Qu’aimes-tu le plus dans ton métier?
D’aller à la rencontre des gens.
Quelle chanson aurais-tu aimé écrire?
Entre chien et loup d’Alexandre Poulin. Elle me fait pleurer à chaque fois. Je n’ai pas beaucoup de chansons qui me font pleurer, mais celle-là, elle vient me chercher. C’est une des plus belles chansons d’amour.
Décédé ou vivant, avec qui rêves-tu de chanter sur scène?
Isabelle Boulay. Je n’ai jamais eu la chance de la rencontrer.
De quoi es-tu la plus fière professionnellement?
Ma simplicité, mon authenticité. De faire les choses pour les bonnes raisons, de faire ce que j’aime avec les gens que j’aime.
Qu’est-ce qui te rend la plus heureuse?
De voir l’épanouissement de ma famille. J’ai trois enfants, donc c’est super important. La famille, c’est très important avant tout.
Pour terminer, que peut-on te souhaiter pour la suite?
De continuer pendant longtemps. De pouvoir faire ce que j’aime avec les gens que j’aime. Tant que ma musique pourra voyager et tant que les gens vont aimer ça, je vais être là.
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