Article : Annabelle Lacroix
Photos : Chloé McNeil
Graphisme : Jesse Caron
Laurence St-Martin s’amène avec un vent de fraîcheur au folk québécois avec son deuxième album Prendre le temps. Après 1,5 million d’écoutes sur les plateformes numériques et 1 million de vues pour le vidéoclip Filles des Îles, l’auteure-compositrice-interprète revient avec de nouvelles chansons pour le plus grand bonheur de tous. Son plus récent extrait Depuis que t’es là figure même dans le Top 50 des chansons les plus jouées dans les radios du Québec. Espace Country a eu la chance de s’entretenir avec elle pour prendre de ses nouvelles.
Tu as récemment lancé ton deuxième album en carrière Prendre le temps. Comment te sens-tu avec un tout nouvel album entre les mains?
C’est vraiment excitant! C’est sûr que c’est différent du premier album. J’avais espoir qu’en sortant l’album en mars, la pandémie serait terminée. À ce niveau-là, ça a été un peu décevant parce qu’on sent moins l’énergie. On ne peut pas le présenter en spectacle, on peut moins faire de promotion et rencontrer les gens. Mais je suis très contente quand même et très fière de mon album.
En quoi est-il différent du premier?
C’est un album qui est beaucoup plus assumé selon moi, beaucoup plus coloré. Ce sont des sujets qui vont encore plus rejoindre d’autres personnes. Le premier était plus comme un journal intime. Le deuxième est un peu plus mature.
As-tu trouvé difficile de créer un deuxième album après le succès du premier? Ressentais-tu de la pression?
Non parce qu’en sortant le premier, je ne m’attendais pas nécessairement à ce succès-là. C’était comme un premier « croquis ». C’est sûr qu’il y a le petit stress de trouver ce qu’on avait fait avec le premier album pour que ce soit aussi nice, mais je me suis dit que si le premier avait été aussi bien accueilli, attention au deuxième! Ha Ha! Je suis encore plus prête, plus assumée. J’ai plus d’expérience, je connais mon équipe et je sais où je m’en vais. J’ai plus confiance en moi. Je suis vraiment contente! Je suis vraiment satisfaite des chansons. C’est sûr qu’il y a toujours le petit stress de savoir si les gens vont aimer ça. En fait, c’était le premier single du deuxième album qui était le plus stressant. Mais maintenant que l’album est sorti, ça va.
Le premier extrait était comme la porte d’entrée?
Oui! J’ai pas dormi la veille de la sortie du premier single! Il fallait que les gens embarquent encore et ils ont embarqué. Après ça, l’album, c’était du bonbon. Je savais où je m’en allais avec le deuxième. C’est dans le même son, je n’ai pas complètement changé de vibe. Je suis restée dans mon petit nid douillet qui a bien fonctionné dans le premier album. J’ai juste pris des textes qui allaient rejoindre encore plus de monde.
Qu’as-tu voulu transmettre à travers ton deuxième album?
Je voulais à nouveau transmettre des textes qui sont vraiment prêts du cœur avec une sonorité feu de camp. Je voulais des tounes que les gens vont pouvoir chanter avec leurs amis autour d’une bière et se retrouver à travers toutes les paroles de l’album. Je pense que pour ça, ça a été mission réussie à 100%. Ce sont des messages auxquels plusieurs personnes peuvent s’identifier. Je pense que si tu t’assoies dans l’auto et que tu écoutes bien les paroles, n’importe quand, n’importe qui, à un moment de sa vie, peut se reconnaître à travers plusieurs chansons.
Que veut dire le titre Prendre le temps pour toi?
Au début, je voulais que le titre de l’album soit Si jamais parce que c’était le titre du single. Mais après ça, j’ai écris Prendre le temps et je me suis dit qu’il n’y avait aucun titre qui, avec l’année qu’on vient de passer, représentait mieux ce qu’on vivait. Cette année, tout le monde a pris le temps. Peu importe, on a pris le temps de se recentrer sur nous-mêmes, on a pris le temps de communiquer avec les gens qu’on aime, on a pris le temps de faire des passions qu’on n’avait jamais eu le temps de faire. En 2020, on a tous pris le temps.
En parlant de l’année 2020, comment l’as-tu vécue de ton côté?
Ça a super bien été! Jusqu’au mois de mars… Depuis le mois de mars, je trouve ça vraiment plus difficile. Premièrement, mon chum est parti au mois de janvier. Avant, j’étais avec lui à la maison, ce qui n’arrive jamais en temps normal. On était bien. On a aussi beaucoup travaillé sur l’album, donc j’étais occupée. Aussi, je créais beaucoup, j’essayais de me donner le plus d’outils possibles pour pouvoir bien choisir mes chansons. Il y avait beaucoup de paperasse pour organiser le lancement. Après ça, mon chum est parti, j’ai sorti mon album et là, rien du tout. J’essaie de prendre soin de moi parce que je suis une fille qui est très forte mentalement et là, je réalise à quel point ça doit être extrêmement difficile pour certaines personnes. Les gens qui habitent en ville, en appartement, qui sont loin de leurs familles… Maintenant, je comprends. Mais si non, pour vrai, 2020, ça a bien été. Mais là, je commence à être tannée. Ha ha!
En tant qu’auteure-compositrice-interprète, peux-tu nous parler de ton processus créatif? Où trouves-tu ton inspiration? Où crées-tu?
En ce moment, ça fait un mois et demi qu’il ne se passe rien. Moi, je suis vraiment une fille qui, par exemple, en un mois, je peux écrire huit chansons. Quand je ressens quelque chose, ça peut prendre 5 minutes. C’est vraiment comme : « Go, j’ai besoin d’un crayon et d’une guitare et ça y va! » Et après, ça peut prendre trois mois. J’essaie et ça marche pas. De plus en plus, j’essaie de prendre de l’expérience. Mais mes meilleures chansons, c’est tout le temps sur le coup, quand ça y va, quand je le feel vraiment. Je le fais avec ma guitare. Souvent, c’est très tard le soir. Pour le deuxième album, j’ai aussi pris le temps d’essayer des affaires et de revenir sur une chanson deux semaines plus tard quand ça me tentait. J’ai beaucoup plus écrit de textes toute seule dans le deuxième album que dans le premier. J’ai pris confiance en moi. Des fois, ça vient, des fois, ça part, je m’écoute.
Tu as travaillé sur un projet de lancement-documentaire à grand déploiement qui a été présenté pour la première fois sur la plateforme numérique Live dans ton salon en mars dernier. Peux-tu nous parler de ton expérience?
Ça a été vraiment le fun à filmer! Pour moi, le studio de Live dans ton salon, ça a été le moment où j’ai présenté mes chansons en spectacle pour la première fois. Il n’y avait pas de public, donc oui, c’était différent, mais j’aimais beaucoup jouer avec les caméras. J’aime vraiment ça! Et je me suis payée LE set up. J’avais l’impression d’être dans le studio de La Voix et, pour moi, c’était un bonbon. En plus, je voyais le gros écran devant moi, donc j’ai pris vite confiance. Je me trouvais belle, je me trouvais bonne, c’était de qualité. J’ai juste apprécié. J’étais vraiment prête, on avait beaucoup pratiqué avec les gars. Et je voyais le public à travers les caméras.
À travers le spectacle, on a aussi intégré des capsules où on voit le processus de création. C’est comme un petit rêve pour moi parce que c’est comme un mini-documentaire. On a vraiment pu voir les gens de mon équipe, l’émotion, tout le processus créatif. Je suis très fière du lancement de l’album.
Le vidéoclip de ton tout premier extrait Fille des îles a atteint le million de vues il y a quelques mois, ce qui est plutôt exceptionnel au Québec surtout pour une première chanson. Comment as-tu réagi quand tu as vu le chiffre?
Oh, je l’attendais tellement! Mais pour vrai, c’est ma carte de crédibilité. Il y a beaucoup de gens qui me reconnaissent avec « La fille des îles » et non pas avec Laurence St-Martin. Je trouve ça vraiment cute! Aussi, ça a beaucoup de valeur parce que je présente ma ville dans la vidéo. Bonne chance à mon chum qui va vouloir me faire sortir d’ici! Ça a augmenté mon sentiment d’appartenance x1000 et je suis vraiment fière de présenter mon chez-nous. 1 million de vues, c’est malade!
Les réseaux sociaux prennent une grande place dans ta carrière et dans ta vie. Qu’est-ce qui te passionne dans ce milieu-là?
Tout! Vraiment! Mais ça va par bout. Comme là, ça fait une semaine que je n’ai pas publié. J’essaie de m’écouter là-dedans aussi parce que bon, en pandémie, c’est difficile de créer du contenu quand tu es à la maison. C’est difficile de vendre du rêve. Mais je m’écoute beaucoup. Y’a des semaines où je publie, des semaines qui sont plus chargées que d’autres et où j’ai moins d’inspiration. En même temps, je trouve que c’est ça un processus créatif sur les réseaux sociaux. J’aime tout ce qui touche aux réseaux sociaux. Mais je n’aime pas Tik Tok! Ha ha! Je me rends compte que je ne suis pas capable d’en faire!
Tu as récemment atteint les 10 000 abonnés sur Instagram et sur Facebook, ce qui n’est pas une tâche facile. Que trouves-tu le plus difficile dans tout ça?
C’est beaucoup de travail! C’est un par un. Moi, je ne suis pas dans l’industrie des influenceurs, c’est un petit monde… Le plus difficile, c’est d’être constante, de publier souvent, de demander à tes amis de prendre des photos quand tu passes un bon moment. Mais ils sont vraiment gentils pour ça, ils sont super bons. Ils comprennent. Ils savent ce que ça peut m’apporter aussi, donc merci mes amis! C’est ça qui est le plus difficile ; de gâcher des beaux moments et d’être constante. Mais sans pandémie, ça allait vraiment bien mon affaire. Je faisais juste mettre toute ma vie et ça marchait vraiment! J’avais beaucoup de contenu. Mais en restant chez nous, c’est vraiment différent.
Avec la tournée Filles des îles, tu as assuré les premières parties de plusieurs artistes reconnus au Québec comme Matt Lang, Sophie Pelletier et David Jalbert. Comment as-tu vécu ton expérience avec ces artistes et qu’est ce qui t’a le plus marqué?
C’est sûr que les premières parties avec Matt c’était comme un autre niveau! C’était fou! J’ai vraiment beaucoup appris. Les salles étaient pleines. On a tourné partout au Québec pendant un an. Pour vrai, la chance que j’ai eu… Je ne sais pas comment je vais faire pour le remercier plus tard. C’est tellement un bon gars et c’est une grande chance que j’ai eu de faire ça juste pour voir comment il fonctionnait. J’ai fait beaucoup de route avec les gars, j’ai pu voir c’était quoi l’ambiance d’un band, comment c’est important d’aider ses musiciens. J’ai appris beaucoup de choses. Aussi, ça met la barre haute, parce que c’est pas vrai que tous les artistes au Québec vivent ce que Matt Lang vit. Donc, il faut faire la part des choses aussi avec les moyens que je vais avoir pour le futur. Mais Matt m’a appris que si tu mets la barre haute, tu vas pouvoir la dépasser et si tu vises bas, tu vas rester bas.
Sophie Pelletier, David Jalbert, Valérie Carpentier.. C’était vraiment cool aussi de voir des spectacles différents : beaucoup plus intimes quand on parle de Valérie ou Sophie et très festif « québécois » pour David. Donc, j’ai pas mal touché à tous les styles et vu les réactions du public. Je me sentais à ma place. Je pense que les gens ont soif d’une femme qui chante du « québécois » sans que ce soit trop pop, sans que ce soit trop country. J’ai vraiment senti que ma place était là et que j’avais une bonne voie de libre devant moi. Les feedbacks des gens étaient très positifs. Je vendais beaucoup d’albums après les shows et c’était juste moi et ma guitare. C’était vraiment cool!
Tu as commencé très jeune à faire de la musique, d’où vient ta passion?
Ma mère chante, ma grand-mère chantait aussi. Ma mère, elle a été la gérante artistique de la Bottine Souriante pendant plusieurs années. Elle était dans le milieu. Elle m’a toujours dit : « Lau, premièrement, chante en français. Conquiers ton Québec avant d’aller ailleurs. Deuxièmement, ce n’est pas un monde facile. » Depuis que je suis jeune, ma mère me ramène à ça. En ayant Véronique Labbé comme gérante, ça m’a beaucoup ramené les pieds sur terre là-dedans. Aussi, des deux côtés de ma famille, tout le monde joue de la musique. Au Jour de l’an, c’est toujours festif. Tout le monde chante bien! On fait tous des harmonies, c’est hot!
Qu’est-ce qui s’en vient pour toi prochainement ?
On prévoit publier le lancement sur les réseaux sociaux. Après ça, j’ai quelques dates qui se sont installées cet été. J’ai vraiment hâte! Ça va être vraiment bizarre de retourner sur scène. On va tous être rouillés! Je travaille aussi sur un projet de spectacle, mais je ne peux pas plus en parler!

Questions en rafale
Qu’aimes-tu le plus dans ton métier?
Les spectacles.
Avec qui rêves-tu de monter sur scène, décédé ou vivant?
Deux Frères.
Avec qui rêves-tu d’écrire une chanson?
Deux Frères… ! Ha ha ha!
Quelle est ta chanson préférée?
Euh… Je n’en ai pas! J’en ai tout le temps une par moment, mais y’a pas une chanson que je reviens toujours.
De quoi es-tu le plus fière professionnellement?
Les premières parties de Matt Lang. Mon 1 million de vues aussi, c’est une de mes fiertés.
Qu’est-ce qui te rend le plus heureuse?
Mon chien.
Pour terminer, que peut-on te souhaiter pour la suite?
Des spectacles, vraiment! Je souhaite juste ça.
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