Article par Annabelle Lacroix
Les filles de, c’est un projet où Dani Daraîche et Carole Ann King rendent un puissant hommage à leurs mères dans un album aux sons typiquement western. Julie Daraîche et Marie King, les deux reines du country québécois, sont en pleine forme et sont très fières de ce projet. Espace Country a eu la chance de discuter avec Les filles de afin d’en apprendre davantage sur cet album.
Tout d’abord, comment se portent vos mamans, Julie Daraîche et Marie King?
Dani : Ma mère va bien. C’est sûr qu’elle trouve ça un peu difficile le confinement comme tout le monde, mais elle va très bien côté santé. Elle fait attention à elle. Elle est à la retraite et elle est bien.
Carole Ann : Ma mère elle va bien, merci. Elle a eu 86 ans la fin de semaine passée. Je suis bien chanceuse de l’avoir encore avec moi. Elle ne fait plus de spectacle, mais elle aime Les filles de. Elle aime sa petite Dani! Elle aime bien l’album et elle est bien fière du projet. Elle l’écoute constamment en boucle!
Dani : Ma mère aussi est tellement fière de ça. Elle écoute l’album chez elle.
Votre album Les filles de, où vous rendez un bel hommage à vos mères, est paru en octobre dernier. Pouvez-vous nous parler de l’album?
Carole Ann : J’aimerais dire que l’idée vient de Dani. Elle m’a approchée en 2018 pour me dire que ce serait une bonne idée qu’on rende hommage à nos mères. Je me demandais si les gens écoutaient encore ça du country western! (Rire) Dani était certaine que oui et elle avait entièrement raison. Après, on s’est rencontrées pour faire le choix des chansons. C’était pas évident! Julie [Daraîche] a 35-40 albums Disques d’or. Et ma mère aussi. Il fallait choisir cinq chansons chacune. C’était vraiment pas beaucoup. Il fallait en éliminer… on est bonnes pour quelques volumes!
Dani : On est bonnes pour au moins une trilogie! Mais ce n’est pas un choix qui a été facile. Elles ont tellement de grands classiques comme : Ma petite Carole, Les cloches de ma vallée, Que la lune est belle ce soir, Un verre sur la table… On a essayé de prendre les plus grands classiques évidemment, mais on a aussi choisi de prendre des chansons qui ont un peu moins tournées à la radio. Comme La valse du bonheur de Marie [King], c’est une chanson que je n’avais jamais entendue de ma vie. Quand je l’ai entendue, c’est vraiment venu me chercher, c’est tellement beau. Et ma mère, la chanson Le dernier roman, ça n’a pas beaucoup tourné dans les postes de radio, mais c’est tellement une belle chanson.
Carole Ann : Mais pour le deuxième album, on va laisser le grand public choisir!
Dani, comment l’idée vous est-elle venue?
Dani : Ça faisait une couple d’années que j’y pensais parce que Marie [King] est encore là, ma mère aussi. Je me suis dis qu’il ne fallait pas attendre qu’elles ne soient plus là. Habituellement, on rend des hommages à des gens qui ne sont plus là, donc ils ne sont pas là pour entendre leurs hommages. Tandis que nos mères, elles sont encore là et en plus, elles écoutent l’album et elles sont contentes de ce qu’on a fait. C’est ça notre récompense à nous autres. C’est de savoir que nos parents l’écoutent et qu’elles sont contentes de savoir qu’on a fait ça pour eux.
Et en même temps, je voulais juste souligner qu’à force de travailler avec nos mères, lorsque l’on chante, on a chacune des feeling de nos mères. C’est ça qui est authentique dans toute notre affaire. […] En plus, Carole et moi, on est des amies de longues dates.
Carole Ann : On a tellement de fun! On rit et on s’amuse!
Dani : On vient de la même génération, on vient du même monde. On a vécu les années Paul Brunelle, Marcel Martel, Willie Lamothe. On a vécu tout ça nous autres. Ce n’est pas tout le monde aujourd’hui qui a la chance d’avoir connu tous ces grands-là.
Carole Ann : On ne se rajeunit pas! (Rire)
Avec qui avez-vous collaboré pour le premier album?
Dani : On a collaboré avec André Rondeau et des musiciens qui travaillent avec beaucoup de monde comme Sylvain Pouliot. Il y a aussi Syldan qui a participé à l’enregistrement de la chanson Une bonne vieille chanson et d’autres musiciens avec qui on travaille régulièrement. On a travaillé fort pendant deux ans sur l’album : on en enlevait, on en ajoutait, on mixait, on re-mixait. Ça a pris du temps, mais on est arrivé à un bon résultat. On voulait surtout garder le sens western des chansons de nos mères.
Pourquoi est-ce que c’était important pour vous de respecter le style western?
Carole Ann : On ne voulait pas refaire les chansons pour que les gens soient dépaysés. On voulait vraiment qu’ils écoutent et que ça leur rapporte des beaux souvenirs. On voulait bercer leur enfance avec les sons authentiques de ces années-là. Et j’aimerais aussi que le prochain album soit encore plus western! Parce que nos mères, elles faisaient du western avec un W majuscule. C’est ce qu’on veut dans le deuxième, encore plus western!
Dani : Dans ces années-là, il n’y en avait pas de new country. Ce sont des chansons qui ont bercé plusieurs générations de personnes. Ça a été les deux plus grandes reines du country dans le francophone au Québec dans ces années-là. Et ça vendait beaucoup d’albums à l’époque. Il n’y avait pas de copiage, c’était des vinyles. C’était épouvantable comment ça se vendait bien. Donc, elles ont eu beaucoup de disques d’or et dans ces années-là, pour avoir un disque d’or, il fallait vendre 50 000 copies et non 40 000 comme aujourd’hui.
Carole Ann : Mon petit Bobby : 300 000 copies et elle n’a jamais touché un chèque! Laissez-moi vous dire qu’elles faisaient ça par amour!
Dani : Oui, dans ces années-là, elles travaillaient fort et vendaient beaucoup, mais elles n’avaient pas tout à fait l’argent qui venait avec! (Rire) C’étaient des gens de passion.
En tant que duo, de quelle façon vous séparez-vous le travail?
Carole Ann : On a chacune nos forces. Dani, elle est bonne dans la papeterie, au téléphone, dans le booking, dans le marketing. Et moi, c’est plus le côté scène : le choix des chansons, monter les shows, le choix des costumes. Tout ce qui est visuel, c’est plus ma force à moi. Mais, Dani m’appelle toujours pour savoir si je suis d’accord et moi aussi, ce qui fait qu’on a une belle complicité.
Vous avez vraiment mis chacune de vos forces à profit pour le projet?
Dani : Exactement! Chacune de nos forces, chacune de notre côté. C’est ce qui fait que le projet va bien. Aussi, sortir un album en pandémie, on avait un peu le vertige. Je disais à Carole qu’il fallait le sortir, qu’on ne pouvait pas garder l’album encore deux ans dans le tiroir. Ça fait déjà deux ans que les gens l’attendent. En fin de compte, on l’a sorti et on est resté surpris de l’accueil des gens.
Carole Ann : Même moi j’ai dit à Dani que notre public, ce n’est pas du monde en ligne. Ils ont 70 ans et plus, ils n’ont pas d’ordinateur. Je me demandais çe qu’on allait faire avec ça. Notre public, c’est vraiment les festivaliers qui viennent chercher l’album et qui le font signer. Mais Dani a dit qu’on prenait la chance et ça a été une réussite! Je suis contente de sa décision.
Dani : Et je remercie les postes de radio qui nous ont fait tourner pendant la pandémie. Heureusement qu’ils étaient là pour nous aider. C’est eux autres et les médias qui nous ont donné le plus grand coup de main. Pas vraiment les médias visuels, parce qu’on ne se cachera pas qu’on ne voit pas beaucoup de country à la télévision, malheureusement, mais les médias écrits et les radios nous ont beaucoup aidé. On les remercie beaucoup! […]
Carole Ann : C’est un cadeau pour nous autres que les gens l’apprécient.
Quel est votre plus beau souvenir avec votre maman?
Dani : C’est d’avoir travaillé pendant 40 ans aux côtés de ma mère. Même je dirais 50 ans! J’ai travaillé avec ma famille tout le temps. J’ai été choyé. J’avais Paul [Daraîche] à côté de moi, j’avais ma mère, mon frère. Je voyageais avec ma famille tout le temps. J’ai fait une belle vie. Je me dis tout le temps que si aujourd’hui, il m’arrivait quelque chose, je pourrais dire que j’ai vraiment fait une belle vie. J’ai fait ce que j’aimais le plus au monde et en plus, avec ma famille.
Carole Ann : De mon côté, ça se ressemble beaucoup. Moi aussi, c’est une histoire de famille. Avec mon père, mes frères, on a beaucoup voyagé et ce sont tous de beaux souvenirs. Mais drôlement, mes plus beaux souvenirs sont présentement. J’ai toujours eu peur de perdre ma mère et aujourd’hui, je suis rendue au bel âge et je traîne encore ma mère partout! Elle me fait rire. Ce sont de beaux moments que je vais préserver. J’en ai eu des beaux comme Dani dit, les voyages et tout. Mais aujourd’hui, je n’en reviens pas que je l’ai encore.
Dani : Et l’important, c’est qu’on soit encore ensemble. Et en pandémie, j’ai eu peur pour ma mère qu’elle attrape ça. Elle n’est pas en résidence, elle est encore chez elle. Elle allait parfois faire l’épicerie, à la pharmacie. J’avais toujours peur qu’elle pogne ça. Donc, j’étais un peu dans l’inquiétude, mais elle fait bien ça. Elle fait attention à elle.
Questions en rafale
Qu’aimez-vous le dans votre métier ?
Dani : Rencontrer les gens et être avec mes amis.
Carole Ann : Voyager.
De quoi êtes-vous le plus fière dans votre carrière ?
Dani : D’avoir duré toutes ces années. Ça fait 43 ans cette année que je fais ce métier et j’ai toujours été là. Ce n’est pas un métier facile. […] C’est ce dont je suis le plus fière. Et d’avoir réussi ma carrière. Ça n’a pas été une très grosse carrière où tu me voyais partout à la télévision, mais par contre, j’ai toujours été là, toujours de façon égale.
Carole Ann : Je vais dire comme Dani, la longévité de ma carrière.
Quelle chanson ne vous lasserez-vous jamais d’écouter ?
Dani : Carol Renaud, j’adore! Pour moi, c’est un des bons chanteurs qu’on a ici au Québec et je trouve ça bien dommage que le grand public n’ait pas la chance de le connaître. Parce que c’est tellement un bon chanteur.
Carole Ann : Summer of 69 de Bryan Adams!
Qu’est ce qui vous rend le plus heureuse ?
Dani : Mon p’tit chez nous. C’est quand je me retrouve à la maison. C’est sûr qu’il y a un petit peu d’exagération depuis un an! (Rire) Mais ce que je veux dire c’est que, quand je suis sur la route et que je fais des spectacles, je suis toujours partie. Je ne suis jamais chez nous. Donc, ce que j’apprécie le plus, c’est d’être chez moi, d’être tranquille, de me faire un bon petit souper. D’aller souper avec des amis aussi. C’est pas mal ça mon petit bonheur.
Carole Ann : Ma fille
Quelle est votre chanson préférée de votre maman ?
Dani : Oh boy! Rapidement, je répondrais que c’est sûr que Que la lune est belle ce soir, dans mon coeur à moi, c’est la top.
Carole Ann : Oh My God! Je dirais Pourquoi es-tu revenu.
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite?
Dani : De la santé, surtout. Du succès avec notre album et qu’on puisse le rouler dans les festivals. Et garder ma famille proche de moi, que je ne perde personne là-dedans. Avec la santé, on peut tout faire.
Carole Ann : La santé, la réouverture des spectacles et avoir du fun!
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