Entrevue avec Carolyne Jomphe

Entrevue réalisée par Espace Country
Article : Annabelle Lacroix

Carolyne Jomphe est auteure, compositrice, interprète, productrice, et bien plus! Avec dix albums en carrière, plus de 70 tournées en Europe, au Canada et aux États-Unis et plusieurs vidéoclips, Carolyne sait où elle s’en va. Récemment, l’artiste dévoilait un tout nouvel opus intitulé « Belles et rebelles » où elle dit être rendue à une étape mature de sa vie. Nous avons eu la chance de la rencontrer pour discuter de sa carrière et de ses projets à venir. On peut dire qu’elle ne chôme pas malgré le confinement! 

Tout d’abord, avec la situation assez exceptionnelle que nous vivons ces jours-ci, comment vas-tu? 

Ah bien moi, je le vis vraiment très bien [le confinement]. Ce sont des circonstances malheureuses et je suis 100% avec les gens qui sont affectés. Mais pour moi, c’est assez positif et bénéfique en presque tous les sens. Ça me donne le temps de faire des choses que je n’avais pas le temps de faire avant et que j’adore faire. Ça me donne aussi l’occasion de rester stable, ce que je ne fais jamais normalement. Le seul sens qui n’est pas bénéfique, c’est qu’on mange trop durant le confinement!

Tu viens de Havre Saint Pierre sur la Côte-Nord, un village fondé par des Acadiens des Îles-de-la-Madeleine. Dans ta musique, on sent justement tes racines acadiennes et celles amérindiennes également. Est-ce que c’est important pour toi de rendre hommage à tes origines? 

Tout à fait! Ça fait très longtemps que je fais ça, depuis le début. Mes origines m’inspirent et me caractérisent énormément. On sent le son acadien dans mes chansons et on sent aussi l’appartenance amérindienne dans certaines d’entre elles. C’est très important pour moi de pouvoir montrer ça et de pouvoir expliquer un peu qui sont ces acadiens et la condition amérindienne à travers mes chansons.

Et d’où te vient ta passion pour la musique? 

C’est de génération en génération, c’est dans la famille. Mes parents chantaient et aimaient la musique. Mes grands-parents, mes tantes et mes oncles aussi. Je suis née dans la musique autrement dit!

Au cours de ta carrière, tu as touché à plusieurs genres musicaux différents, que ce soit le country, le rock, le folk, la chanson française. Comment définirais-tu ton style? 

En fait, je dirais que mon style est un mélange de tout ça. Tous ces genres de musique dans lesquels j’ai été entourés, ça m’a influencé pour ce que je fais aujourd’hui. J’aime beaucoup les paroles des grandes chansons françaises et la musique dynamique du country. Tout ça m’a influencé.

En parlant de la chanson française, tu as une grande carrière en Europe depuis plusieurs années. Peux-tu nous dire comment tout ça a commencé? 

Ça a commencé lorsque je me suis demandée ce que je ferais dans le vie si je ne devenais pas chanteuse. Mon rêve a toujours été de chanter, mais, des chanteuses, il y en a des milliers! J’ai alors étudié en tourisme parce que j’adore également voyager. À partir du moment où j’ai travaillé dans le domaine du tourisme, j’ai gagné des sous pour produire mes premiers albums. Je faisais beaucoup de visites guidées dans des autobus à des personnes françaises. Les Français ont donc été, si on veut, mes premiers spectateurs ou mes premiers fans. Ils repartaient alors en France avec un souvenir du Canada qui était ma musique. Ça a fait en sorte que ma musique a joué en France et puis, par la force des choses, le temps m’a amené à faire des tournées là-bas.

Comment as-tu choisi les chansons qui se retrouvent sur tes albums Les grandes chansons françaises Volume 1 et Volume 2?

Ça a vraiment été facile! Mes parents écoutaient de la musique française et j’ai été bercée par ça. J’ai grandi avec Dalida, Joe Dassin et tous les grands chanteurs français. Donc, ça a été facile, c’était les chansons préférées de mes parents. 

Tu as récemment lancé un nouvel album intitulé « Belles et rebelles ». Peux-tu nous parler de cet album? 

Belles et rebelles, c’est en fait l’évolution de ma musique et l’évolution de ma vie. J’ai remarqué que de mes premiers albums jusqu’à Belles et rebelles, il s’est passé des étapes de ma vie qui m’ont fait évoluer énormément. Dans chacun des albums, on voit où je suis rendue dans la vie. Et puis là, avec Belles et rebelles, je suis rendue à une étape mature de ma vie où je vois la vie de façon extrêmement positive et où je n’ai plus envie de me faire « suer ». (Pour ne pas dire autre chose!) J’ai juste envie de vivre. J’ai envie d’être bien, d’être bien entourée et d’être heureuse. Ce sont mes objectifs de vie ces temps-ci et Belles et rebelles le reflète pleinement. C’est un album positif et de bonheur. Ça appelle ceux qui ont eu des vies pas faciles à se libérer de tout ça et à vivre pleinement parce qu’on en a juste une vie. Alors, Belles et rebelles c’est ça, être bien dans sa tête et dans sa peau. 

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Avec qui as-tu collaboré? 

Avec des gens que j’adorent : Rudy Morgan et Gerry Bribosia! Gerry Bribosia, ce sont mes anciens amours, en fait. Je n’étais pas en couple avec lui, mais musicalement parlant, c’est avec lui que j’ai fait mes trois premiers albums et avec Albert Babin également! Albert Babin, c’était mon idole! Quand j’ai commencé à côtoyer la musique country acadienne, c’était un icône! C’est lui qui a réalisé mes trois premiers albums et Gerry Bribosia était le technicien de studio. Donc, pour Belles et rebelles, je cherchais quelqu’un avec beaucoup de disponibilités parce que j’avais besoin que l’on travaille pleinement sur cet album-là. Autrement dit, je ne voulais pas que ce soit un album fait rapidement. J’avais beaucoup à essayer et Gerry m’a donné de la disponibilité incroyable. Il a donné beaucoup de son temps et de son énergie. On a essayé plein de trucs et ça a donné exactement l’album que je voulais. Pour moi, c’est mon chef d’oeuvre et je suis contente! Après ça, je suis allée enregistrée en studio avec Rudy qui est minutieux et qui ne laissait passer rien du tout. Ça a donné un résultat dont je suis vraiment fière!

D’où vient le titre « Belles et rebelles »? Quelle a été la source d’inspiration? 

D’abord, il y a quelques années, mon gérant, qui était aussi mon conjoint à l’époque, m’a lâché. Je me suis alors mise à me poser toute sorte de questions sur le futur. J’étais un peu démunie. Au même moment, je revois une amie à qui il arrivait la même maudite affaire! C’est Valérie Bichon. Elle aussi était en duo avec un gars, son duo s’appelait Chat qui dort, et on se côtoyait énormément sur des tournées en France. Et elle aussi a été « flushée »! On est alors les deux dans une période de vie où on se pose beaucoup de questions sur la suite. On décide alors de partir en Floride ensemble et, par le fait même, de se partir un duo musical. Mais, il fallait bien un nom à ce duo. On était dans les mêmes conditions de vie, c’est-à-dire qu’on n’avait plus le goût de se faire « suer ». On s’est donc dit : « Aujourd’hui, je pense qu’on a embellit en vieillissant » et on avait le goût de la partager. Alors, on est arrivées avec Les belles rebelles : « belles » dans la tête et dans le coeur et « rebelles » dans le sens que maintenant, on va faire ce qu’on a envie de faire. C’est comme ça que tout est partie! Belles et rebelles, ce n’est plus juste un album pour moi, c’est une philosophie, une ligne de vêtements et bientôt, un club de femmes et d’hommes qui auront cette même philosophie. On veut être libres, belles et rebelles. Voilà! C’est au-delà d’un titre d’album.

Tu produis toi-même tes albums. Comment réussis-tu à partager le travail entre la productrice et la créatrice? 

Oh ça c’est dur! Être productrice me demande tout mon temps, ce qui tasse l’artiste en moi. C’est pour ça que, cette année, je suis dans une année de structuration, car, pour l’instant, je fais tout. Je vais garder la gérance de ma carrière parce que je sais où je veux aller et comme le proverbe le dit : « On n’est jamais aussi bien servi que par soi même ». Par contre, je veux m’associer avec des gens vaillants qui savent où ils veulent aller. Entre autres, Valérie Bichon est à la tête maintenant d’une société qui s’appelle PPS Canada (Agence d’artistes et organisateurs d’événements) avec Steve Godbout et je viens tout juste de signer avec eux comme artiste exclusive. Puis, je m’associe aussi avec Véronique Labbé et avec l’équipe d’Espace Country pour la même raison. Je trouve que vous êtes une équipe vraiment dynamique, solide et vaillante. Moi, Véronique je la connais depuis toujours. Je la regarde aller et je l’admire énormément. Je sais que je veux m’associer avec des gens qui ont des bonnes intentions et des bonnes idées, qui sont dynamiques et qui vont de l’avant! Donc, je ne pense pas me tromper en m’associant avec vous! 

« On veut être libres, belles et rebelles.
Voilà! C’est au-delà d’un titre d’album. »

Vois-tu les choses sous un oeil différent selon le rôle que tu as à jouer? 

Absolument! Je peux voir au-delà de la chanteuse qui va seulement aller chanter sur une scène. La plupart des gens voit une chanteuse comme étant quelqu’un qui ne fait que s’amuser, sur un « stage ». En tant que productrice, on voit les choses autrement. C’est un boulot! C’est du show-business, mais la « business», c’est une grosse partie derrière le « show ». Oui, j’aimerais ça pouvoir juste chanter et faire une cigale de moi-même! Mais non, je suis une fourmis aussi même si ça ne paraît pas toujours. 

Tu es très active sur ta chaîne YouTube, surtout depuis le début du confinement. On voit que tu as lancé une grande quantité de vidéoclips dans les derniers mois. D’où te vient toute cette inspiration? 

C’est vrai qu’il y en a beaucoup, mais ça fait très longtemps que je travaille là-dessus! Avant de lancer l’idée de faire une vidéo par jour, j’avais déjà beaucoup de vidéos en banque. Et une maudite chance parce que faire une vidéo par jour, ça demande du travail énorme! J’ai composé énormément dans ma vie, j’ai donc beaucoup de matériel. Plusieurs personnes pensaient que je savais seulement faire du country. Et non! Je suis capable de faire beaucoup de choses!

youtube

Tu es également très active sur ta page Facebook. Peux-tu nous parler des « Chansons du jour » et de tes « Facebook LIVE » ? 

Il y a les chansons du jour que je mets en l’honneur chaque jour depuis le début du confinement. Il y aussi des « Facebook LIVE » que je faisais deux fois par semaine où je racontais ma vie par une bio en chantant. J’ai des chansons adaptées à tous les moments de ma vie. Il y a donc toujours une chanson de circonstance pour appuyer mes histoires de vie. Mais là, je vais diminuer à une fois par semaine pour ce « live » et remplacer le deuxième par un nouveau concept qui s’appellera « Les apéros avec Caro ». Je vais chanter plus, je vais prendre des demandes spéciales et je vais interagir avec les gens. On va plus s’amuser! Tout est sur ma page Facebook et se retrouve par la suite sur mon site Internet. […] J’aime tellement chanter que je chanterais pour rien! Mais, il faut gagner sa vie. Et les live et les vidéos que je fais, je fais ça à la journée longue, ça ne me paye pas. C’est pour ça que je veux bien m’entourer. Par contre, tout ça me rapporte de la belle visibilité et la visibilité et la promotion, et bien ça n’a pas de prix. 

facebook

As-tu d’autres projets pour les prochains mois?

Normalement, je serais en tournée en ce moment pour les deux prochains mois. Les spectacles en Europe ne recommenceront pas avant octobre. Donc, ma prochaine tournée est remise en novembre et décembre. Tout ce que j’avais au Québec est remis aussi et ça n’ira pas avant septembre. Ce qui me donne le temps de créer, d’avancer et de me structurer. C’est une bénédiction pour moi. J’ai enfin le temps de me mettre à jour.

QUESTIONS EN RAFALE

Qu’aimes-tu le plus de ton métier?
Ce sont les gens et la relation avec eux. C’est vraiment ce que j’aime le plus de mon métier. C’est pour ca que je fais des « live », c’est pour rester connecter avec eux. C’est grâce à eux si je peux chanter et si j’ai des gens pour m’écouter. J’aime aussi les tournées! C’est justement en tournée que je vais les voir. 

Où rêves-tu d’aller jouer de la musique?
On regarde justement pour le Maroc, pour la Russie, pour le Liban et pour l’Afrique! On a plein de projets! […] Je dirais aller dans le monde, car je suis une grande globe-trotteuse et j’aimerais jour ma musique dans le monde entier. 

Quelle chanson aurais-tu rêvé d’écrire?
Je dois dire que j’admire Lynda Lemay. Elle écrit magnifiquement bien!  « Le plus fort c’est mon père », j’aurais aimé écrire ça! 

Décédé ou vivant, avec qui rêves-tu de monter sur scène?
Zachary Richard!!! Et Grégoire aussi, un chanteur français que j’aime beaucoup… et Patrick Bruel aussi! 

En terminant, que peut-on te souhaiter pour la suite?

Que mes rêves se réalisent! Que je puisse vivre de ma musique et que je puisse faire le tour du monde avec. J’ai des grands souhaits! Je veux juste être heureuse et vivre de ma musique sans avoir à me battre. C’est difficile, car on a tout le temps à se battre dans ce métier-là. Je voudrais être reconnue juste pour ne pas avoir à m’imposer et pour me faire respecter aussi, c’est ce que je souhaite. 

Pour plus d’informations concernant Carolyne Jomphe, rendez-vous sur son site web au www.carolyne-jomphe.com