Entrevue réalisée par Espace Country
Article : Annabelle Lacroix
Photos : Frédérique Dubé
Cindy Bédard lance son nouvel et troisième album « Après l’orage » dans quelques jours seulement en plus de participer à la tournée WOMEN avec Brigitte Boisjoli. On peut dire que l’année qui s’en vient sera probablement très occupée pour l’auteure-compositrice-interprète! On en a profité pour lui parler avant ce tourbillon de « surprises » et de « plaisir ».
Premièrement, comment te sens-tu à quelques jours du lancement de ton nouvel album « Après l’orage »?
C’est vraiment une grande fébrilité! La semaine passée, j’avais une répétition pour le lancement avec ma gang, mes boys qui ont également fait l’album. On est très excités! Ça a été un long chemin parce que ça fait déjà quatre ans depuis le dernier album « Coeur sédentaire ». Il s’est passé beaucoup de choses depuis et on a travaillé vraiment très fort sur celui-là. J’ai la chance de travailler avec Rick Haworth pour la réalisation. Je suis vraiment fière de l’album, il est spécial pour moi. Ça fait longtemps que je n’ai pas sorti d’album, j’ai hâte de retrouver le monde. Je suis très fébrile et excitée de pouvoir partager mes nouvelles chansons.
Tu feras un premier lancement à Montréal le 11 mars, suivi d’un lancement à Saint-Tite le 13 mars. Pourquoi as-tu choisi cette façon de faire?
C’est super important pour moi [d’aller aux deux endroits]! Je suis native de Saint-Tite et j’habite encore dans le village. Ce sont les gens du village qui m’ont vu grandir dans la musique et qui m’ont accompagné là-dedans. C’est comme une grande famille. Je faisais des concours amateurs vers 7-8 ans et les gens de Saint-Tite étaient là pour m’encourager. C’est important pour moi de continuer avec eux et plusieurs d’entre eux n’auraient pas pu être présents à Montréal. Je voulais vraiment être avec ma gang, ma famille et partager ça avec eux. Et Montréal, bien ma maison de disque Audiogram est là-bas. Au fil des ans, j’ai aussi développé de belles amitiés là-bas. L’industrie musicale est aussi plus à Montréal. Donc, ça allait de soit qu’on fasse deux lancements : un à Montréal et un chez nous, à Saint-Tite.
billetsQue peux-tu nous dire sur cet album?
L’album s’appelle « Après l’orage ». Je peux vous dire que c’est un album très intime. C’est sûr que c’est mon nouveau bébé, donc c’est celui dont je suis la plus fière. Je me livre vraiment complètement. Il y a de belles collaborations aussi, je suis vraiment contente. Paul Daraîche m’a écrit une chanson pour cet album-là. Il y a aussi une collaboration avec Daniel Bélanger. C’est une belle surprise qu’il veuille se marier au monde du country. Il y a également Luc De Larochellière, Éloi Painchaud, et plusieurs autres. Je me suis sentie vraiment bien entourée et appuyée. L’album suit quand même les deux premiers, mais il y a quelque chose de différent dans le son. On va dans le pop, dans le rock. On va un peu ailleurs!
Tu dis qu’il est autobiographie. On peut le sentir dans les textes et dans la musique. L’album est très doux. Où as-tu puisé ton inspiration?
C’est vraiment le parcours de ce qui s’est passé dans les dernières années. Je suis maman, donc c’est certain qu’il y a une maturité et un niveau plus femme qui sont ressortis. Maintenant, ce métier-là est vraiment ma carrière et j’ai eu mon fils à travers tout ça. Ce sont des inspirations très différentes. C’est doux parce que ça s’appelle « Après l’orage, ce n’est pas pour rien. J’ai eu des passages difficiles dans les dernières années et je voulais en parler. Il y a eu des grands moments de beauté et d’autres, plus difficiles qui m’ont finalement fait beaucoup grandir. C’est ça qui est beau, je trouve, dans les obstacles de la vie : il faut essayer de grandir avec ça et de comprendre. « Après l’orage » est encore plus intime et senti que les albums précédents.
Au courant de l’année, tu as participé à une résidence de création à la Maison SOCAN de Nashville. Comment décrirais-tu ton expérience?
Ça faisait super longtemps que je rêvais d’aller là-bas! Un moment donné, j’ai su que la SOCAN offrait des résidences de création. Donc, j’ai soumis ma candidature, puis j’ai été sélectionnée. Je suis partie toute seule avec ma guitare, j’ai pris l’avion et je me suis rendue à la maison SOCAN. J’y suis restée une semaine. J’étais vraiment là dans le but d’écrire des nouvelles chansons pour le troisième album. Il y a deux chansons qui s’y retrouvent écrites là-bas « Ça se peut » et « Que passe les vents ». Mais j’en ai écrit plein plein plein! On en a choisi deux seulement pour l’album. C’était tellement inspirant et y’avait tellement une belle vibe! Je suis allée une soirée au Bluebird Cafe et j’écoutais plein d’auteurs-compositeurs. Tout le monde te parle, tout le monde a le goût de faire de la musique là-bas. C’est vraiment inspirant!
Tu es née, et habites toujours, à Saint-Tite, la ville du country au Québec. Peut-on dire que tu es tombée dans le country assez jeune?
Ça a certainement influencé parce que, comme je dis souvent, depuis que je suis née, les festivals western, je les ai tous vécus! J’ai toujours baigné là-dedans, c’est naturel. Quand on a commencé à veiller dans les bars, ce n’était pas du gros techno/dance qui jouait, c’était du Garth Brooks. Quand j’ai commencé à écrire de la musique, je ne me suis pas dit que je voulais faire du country, ce n’était pas ça mon but. Quand j’ai commencé à faire ça professionnellement, les gens me disaient : « Ah! Tu fais du country! » Et je me disais : « Ah bon, je savais pas! » C’est vraiment quelque chose qui était naturel. Maintenant, c’est certain que c’est un choix parce que je sais ce que je fais et que je veux continuer là-dedans.
Que représente le country pour toi?
Tellement! Et de plus en plus je dirais. Mon amour pour le country grandit toujours. C’est une façon d’être pour moi. En côtoyant Paul Daraîche pendant la tournée l’année passée, je me suis rendue compte à quel point j’aime cette musique-là, et le monde aussi. Les artistes country, je trouve qu’il y a vraiment une solidarité, quelque chose de particulier qu’il n’y a pas dans les autres milieux. C’est quelque chose d’authentique et de vrai cette musique-là. Ça me ressemble beaucoup. Le country est vraiment en moi, peu importe. Sur le nouvel album, il y a des chansons plus pop, comme celles à Daniel Bélanger, mais j’ai amené ma façon de la faire. Je n’ai pas peur d’aller un peu ailleurs parce que c’est ça que je suis au fond de moi. Le country pour moi, ça me définit en tant que personne aussi, pas juste en tant qu’artiste.
Tu dis souvent que le country est une grande famille. Que veux-tu dire?
On l’entend souvent, ça devient cliché, mais je trouve que c’est tellement vrai. Je suis arrivée là-dedans, j’étais une petite nouvelle et on m’a accueilli. On est là pour s’entraider et les gens sont encore derrière moi. On sait qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire parce que ce n’est pas évident : beaucoup de festivals ne veulent pas nous booker simplement parce qu’ils entendent le mot country. Je trouve ça beau de pouvoir être là, tous ensemble, malgré ça.
On sent tout de même un vent de changement dans les dernières années, non?
Oui, il faut vraiment garder espoir! Même lors de mon premier album en 2014, le monde disait : « Ah! Tu le lances au bon moment, y’a une vague! » Je pense que la vague, elle continue tout le temps. Le monde qui aime le country, y’en a de plus en plus je pense. La famille s’agrandit aussi, dans le sens où il y a le new country, le country folk, le country pop. Il y a plein de sortes et je pense que c’est important pour faire évoluer ce genre musical-là. Tout le monde doit y trouver son compte. Y’en a pour tous je pense!
Depuis plusieurs années maintenant que tu fais partie de Audiogram, une maison de disque très reconnue. Plutôt associée à la pop, pensais-tu que c’était possible de signer chez eux en faisant de la musique country? Comment tout ça a commencé?
J’ai été surprise de me retrouver là parce que c’est une maison de disque tellement réputée avec des grands artistes de la pop. Mais moi, depuis que je suis petite, je rêvais d’être acceptée dans cette maison de disque-là, entre autres à cause d’Isabelle Boulay je crois. Je trippais beaucoup sur elle. Elle a un côté un peu country pop et je me reconnaissais beaucoup dans ce genre-là. On avait fait un showcase et des gens chez Audiogram m’avaient vu. Ils ont dit : « On veut absolument la signer! » Il y avait donc une ouverture [pour de la musique country] parce qu’ils savaient très bien que je faisais dans ce style musical-là. Ils n’ont jamais voulu me faire changer. Ils veulent me faire évoluer là-dedans sans m’emmener dans un style plus pop. Ils sont vraiment fidèles à l’artiste parce que, pour eux, c’est important qu’il soit authentique. Je suis vraiment fière d’être chez Audiogram avec mon country. Il y avait Isabelle Boulay qui peut se rapprocher un peu de ça, Mara Tremblay aussi parfois, Robby Johnson. Donc, il y a une ouverture. C’est vraiment cool d’avoir du country un peu partout.
Au cours des dernières années, tu as accompagné sur scène des icônes de la musique country dont Patrick Norman et Paul Daraîche. Comment as-tu vécu ces moments?
C’est vraiment des grands tournants! Patrick Norman, c’était à mes tout débuts. C’était même avant mon premier album. J’avais fait sa première partie au Festivoix à Trois-Rivière et j’étais tellement émue! C’était comme impossible pour moi de pouvoir le rencontrer un jour. Je n’avais même pas pu lui parler tellement que c’était trop grand pour moi. Puis là, aujourd’hui, 10 ans plus tard, Patrick et sa femme sont venus voir les shows à Paul Daraîche et c’est devenu comme des amis! Ils vont être là à mon lancement, on s’appelle! C’est ça qui est beau justement dans ce milieu-là, de pouvoir développer des liens, des relations avec des gens que tu penses vraiment inaccessibles. Puis finalement, ils sont tellement généreux. C’est super inspirant.
« Le country pour moi, ça me définit en tant que personne aussi,
pas juste en tant qu’artiste. »
Tu fais présentement partie de la tournée WOMEN avec Brigitte Boisjoli. Peux-tu nous parler de ce projet?
Oui! J’ai super hâte! Ça commence bientôt, dans deux semaines! WOMEN, c’est l’album à Brigitte et elle part en tournée avec celui-ci. Elle a eu l’idée de rassembler des femmes qu’elle dit bien aimer. Je me retrouve là-dedans, donc c’est vraiment vraiment le fun! Il va également y avoir Luce Dufault et Laurence Jalbert, parfois. On a fait un spectacle jusqu’à présent au festival western [2019]. Je savoure chaque instant. Ce sont des femmes que j’admire autant pour leur talent et pour l’artiste qu’elles sont, que pour les femmes, les mamans, leur parcours. Il y a un espèce de girl power dans le projet et ça me parle beaucoup. Je vais chanter la chanson The End of the World [de Skeeter Davis]. C’est une ballade tellement touchante qui parle d’une fille qui vient de se faire laisser et qui ne comprend pas pourquoi le monde continue de tourner. C’est un écrit simple et poignant. Il va aussi y avoir des medleys de chansons country qu’on va faire toutes ensemble. Je suis vraiment fière. Je suis certaine qu’on va avoir beaucoup de plaisir!
dates de spectacle et billetsQUESTIONS EN RAFALE
Qu’aimes-tu le plus de ton métier?
Le monde!
Y a-t-il un prix dont tu es particulièrement fière d’avoir remporté?
Le prix au Gala Country Interprète féminine de l’année [2016], ça m’a bouleversé.
Où rêves-tu d’aller jouer ta musique?
J’aimerais retourner à Nashville pour aller faire un show. Et partout en vrai! J’aimerais ça voyager avec ma musique.
Mort ou vivant, avec qui rêves-tu d’écrire une chanson?
Tout est permis? Emmylou Harris! Ça serait fou de juste la rencontrer, je virerais complètement folle!
Et de monter sur scène?
Avec Sheryl Crow!
Pour terminer, qu’est-ce qui s’en vient pour toi dans la prochaine année avec la sortie du nouvel album?
Il y a quand même une partie de surprises. Je sais qu’il y a des spectacles à venir au calendrier cet été dans les festivals. Pour le reste, je ne sais pas. J’espère vraiment que le nouvel album va m’amener partout au Québec et même plus loin. À suivre… On lance ça dans l’univers, dans le vide!
Pour tout connaître sur l’actualité de Cindy Bédard, rendez-vous au www.cindybedard.com
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