Article et entrevue : Annabelle Lacroix
Photo : Rich Johnson
Depuis la sortie de la chanson Achy Breaky Dance il y a 25 ans, Steph Carse n’a jamais arrêté! Passionné autant par la chanson que par le visuel, l’auteur-compositeur-interprète touche à une grande variété de styles et de disciplines. Espace Country a eu la chance de lui parler pour prendre de ses nouvelles.
Tu maîtrises un large éventail de styles musicaux très différents les uns des autres, que ce soit l’opéra, le country, le rock, le gospel et le pop. D’où te vient cette polyvalence?
J’ai grandi sur une ferme à Mascouche. Dans les années 1970, il y avait un show de télé [américain] qui s’appelait Les Arpents verts. L’émission racontait l’histoire d’un gars qui part de la ville pour s’acheter une ferme et qui ne connaît rien aux animaux. C’est un peu l’histoire de ma famille! On a été élevé sur cette ferme-là et mon père aimait la musique d’Elvis et ma mère était une fan de musique gospel et de musique country. Aussi, ma grand-mère, qui nous a suivi à travers ça, chantait l’opéra. Ses oncles étaient des chanteurs d’opéra à Hollywood et mon arrière-grand-mère est de New York. Donc, ça fait partie de mes bagages musicaux.
As-tu un style que tu préfères?
Je suis plus attiré vers la chanson et le message qu’elle véhicule que le style de musique. Même si les styles sont différents, mon message est souvent le même : croit en tes rêves, croit en tes possibilités, la vie est courte, sois positif. C’est plus une question du message que du style.
Photo : Lynn Skorman
Dans lesquels de tes projets peut-on entendre ce message d’espoir?
Premièrement, dans la chanson Achy Breaky Dance, le message est : oublie tes problèmes, viens t’amuser, viens danser! Après ça, en 1999, j’ai participé à l’album des Olympiques spéciaux – Canada, Holiday Heroes en écrivant et en interprétant la chanson Freedom. L’album a été fait à Nashville avec Alan Jackson, Donna Summer et Kevin Bacon, entre autres. Après ça, est arrivé le spécial PBS [Reach Out : programme télévisé produit par Steph Carse pour PBS] où j’ai écrit une chanson qui s’appelle Reach Out qui a le même message : se dépasser, aller chercher le meilleur de soi. Reach out est devenue la chanson thème de la Croix Rouge américaine lors de la tempête Katerina. L’organisme s’est servi de cette chanson-là pour remercier les donateurs. Et dernièrement, sur l’album gospel, j’ai écrit une chanson qui s’appelle Awesome, c’est une chanson contre l’intimidation. Bref, c’est toujours un message positif et de croire en ses possibilités! »
Peux-tu nous parler de ton projet gospel My Shining Hour où l’on retrouve la pièce Amazing Grace pour laquelle tu as récemment remporté un Emmy Awards pour le meilleur arrangement musical?
C’est drôle, j’ai enregistré cette chanson la première fois sur un album en 1994 au Québec. Le gospel faisait donc déjà partie de mon univers musical. Un moment donné, j’étais à Las Vegas durant 4 mois, je faisais deux spectacles par jour […]. J’avais le goût de passer à autre chose, d’avoir de nouveaux défis et de faire quelque chose de différent. Ça m’a amené à me dire : « Amazing Grace, c’est une chanson que tout le monde connaît et que tout le monde aime. » C’est sûr qu’elle a des connotations très spirituelles et je suis croyant. Ça me tentait de faire un album qui allait parler de ça.
On a commencé le vidéoclip et on est allé en Afrique filmer certaines scènes. La chanson combine plusieurs styles de musique : africaine, indienne, une partie en gaélique et évidemment l’anglais. Finalement, ça m’a pris trois ans et demi à faire l’album. Ça a été très long parce que j’étais le producteur, le directeur, le monteur. Je ne voulais pas rusher ce projet-là. En 2017, le spécial télé d’une heure a été diffusé pour la première fois mondialement. Donc, ça a ouvert beaucoup de portes et mené à plusieurs nominations.
Depuis deux ans, c’est le 9e prix que je remporte pour le spécial télé. Et puis là, aux États-Unis, on vient de gagner aux Emmy Awards pour le meilleur arrangement musical. C’est le fun de souligner l’arrangement parce que c’est vraiment différent. J’imagine que c’est pour ça qu’on a gagné. Cette chanson-là a tellement été faite souvent, on ne voulait pas la répéter de la même façon.
procurez-vous l'album ici « L’accueil des gens a été tellement chaleureux.
Ça m’a tellement fait plaisir que je me suis dit que ce serait
le fun de revenir célébrer les 25 ans avec eux. »
À peu près en même temps, le 17 juin 2017, tu as participé au party country de P-A Méthot Il était une fois au Centre Bell. Comment s’est passé ton expérience?
P-A Méthot m’avait appelé et tenait à ce que je sois l’un de ses invités à son show country au Centre Bell. Au départ, je ne voulais pas vraiment le faire parce que je pensais qu’après 25 ans, les gens ne se rappelleraient plus de moi. Finalement, j’ai dit : « J’ai une nouvelle chanson qui s’appelle Awesome qui parle contre l’intimidation. C’est un projet qui me tient beaucoup à coeur. Si tu me permets de chanter cette chanson-là aussi, je vais venir! » L’accueil des gens a été tellement chaleureux. Ça m’a tellement fait plaisir que je me suis dit que ce serait le fun de revenir célébrer les 25 ans [d’Achy Breaky Dance] avec eux. On a donc décidé de faire l’album 25.
Sur cet album, on retrouve une reprise de la chanson Crying de Roy Orbison en duo avec Véronique Labbé. Comment votre collaboration s’est-elle déroulée?
C’est plusieurs personnes qui m’ont parlé de Véronique donc, je l’ai appelée. Je lui ai dis que j’aimerais faire un vidéoclip et que ce serait peut-être le fun de faire quelque chose ensemble. Je lui ai proposé la chanson Crying qu’elle aimait déjà énormément. Elle est venue chez moi à Orlando et on a enregistré les vocaux. Ensuite, en juillet passé, on a filmé un vidéoclip. Véronique, c’est une fille travaillante et elle est toujours partante. C’est facile de travailler avec elle!
L’album 25 est très diversifié : on retrouve des compositions originales, des reprises et deux arrangements de la chanson Achy Breaky Dance. Peux-tu nous parler de l’album?
Sur l’album des 25 ans, je reprends Achy Breaky Dance évidemment! On a ré-enregistré la chanson à Nashville. Sur l’album, il y a deux versions : la version Nashville et la version avec Domeno, un DJ québécois. Mais, la plupart des chansons, ce sont des pièces que j’ai écrites [pour l’album]. On va sortir une nouvelle vidéo après les fêtes pour la chanson Swing La Mama avec une nouvelle danse. Étant donné que je produis beaucoup de shows télé, j’aime sortir des vidéos. J’aime autant le visuel que la musique. Chaque chanson va être accompagnée d’un vidéoclip. Il y a un autre duo que j’ai fait sur l’album qui est un petit peu l’histoire de ma rencontre avec ma femme qui s’appelle Parmi la foule. C’est un duo avec Laura Gagné, une jeune chanteuse québécoise […]. Il y a beaucoup de musique de danse sur l’album. Il y a trois ballades, mais le reste, c’est de la musique de danse. »
Tu t’impliques beaucoup dans la lutte contre l’intimidation auprès des jeunes. Pourquoi est-ce que ce sujet te touche particulièrement?
L’intimidation, c’est devenu un fléau aujourd’hui. C’est la cause principale de suicide chez les jeunes de moins de 14 ans. Un jour, une de mes amie m’a envoyé une lettre d’un jeune garçon de 14 ans qui s’était suicidé. Dans sa lettre, il disait espérer que son geste allait conscientiser les gens au problème de l’intimidation. Ça m’a beaucoup touché parce que ça m’a ramené en arrière. Jeune, j’ai été intimidé parce que j’étais très timide et parce qu’on gardait des personnes handicapées mentales à la maison. Les jeunes m’agaçaient là-dessus. […] Donc, sa lettre m’a forcé à approfondir les raisons qui font qu’une personne de cet âge-là peut s’enlever la vie.
Ce que j’ai découvert à travers la psychologie, c’est que, bien que leur cerveau semble identique à celui d’un adulte, le lobe frontal qui est capable d’émettre un raisonnement n’existe pas [chez les jeunes]. Donc, toutes leurs décisions sont basées sur leurs émotions. Étant donné qu’ils sont laissés à eux mêmes, et qu’ils sont intimidés à travers les réseaux sociaux, ils ont de la difficulté à voir la lumière au bout du tunnel.
Qu’est-ce que Y I Count : ta campagne contre l’intimidation?
Y I Count veut dire « Pourquoi je compte ». Cette campagne contre l’intimidation est une campagne pour construire l’estime de soi parce qu’on ne peut pas enlever l’intimidation, ça va toujours exister. Mais, si on est capable de montrer aux jeunes leurs valeurs, les choses qu’ils peuvent accomplir et de les aider à construire leur estime de soi, ils vont être capables de faire face à l’intimidation d’une autre façon. C’est le but de Pourquoi je compte. Je vais commencer à présenter la campagne en français au Québec en février je crois.
En quoi consiste le programme?
Le programme se passe en trois étapes. La première, on parle d’une façon visuelle aux jeunes pour démontrer la physiologie du corps humain. Par exemple, on compare le cerveau au plus gros ordinateur du monde, le K computer au Japon. Cet ordinateur prend 40 minutes à enregistrer une seconde d’activité cérébrale! […] À travers cette présentation, à la deuxième étape, on démontre le pouvoir de la parole : les mots qu’on dit on le pouvoir de détruire ou de construire […]. Finalement, on termine le programme avec de la musique parce que la musique, c’est une façon de réunir l’information. Ça connecte les parties motrices du corps avec l’ouïe, le respire… De cette façon, les jeunes retiennent mieux les nouvelles informations qu’ils viennent d’apprendre.
De quoi es-tu le plus fier dans ta carrière?
« Personnellement ça va être différent, mais dans ma carrière, le Emmy Awards, c’est le plus beau prix que j’ai gagné jusqu’à date. »
Et personnellement? « C’est ma femme! »
L’année 2020 s’annonce être une grosse année pour toi au Québec et ailleurs. Qu’est-ce qui s’en vient pour toi?
On a tellement de choses en même temps! On travaille sur une série qu’on est entrain de développer pour le réseau Netflix pour Pourquoi je compte. Je vais incarner le rôle d’un professeur de biologie qui va parler de choses comme l’intimidation. Au Québec, on prépare une tournée avec un spectacle-concept et je vais faire quelques apparitions dans la province durant l’année. Aussi, je suis venu faire quelques émissions de télé comme En direct de l’univers et Le Tricheur. Ce dernier devrait être diffusé en février je crois. […] Je viens faire quelque chose en février pour Opération enfant soleil avec les chansons Awesome et Achy Breaky Dance. On va inclure beaucoup de jeunes enfants danseurs et ça va se passer à Terrebonne au Golf le Mirage. Je pense que le spectacle est le 20 février prochain. J’ai hâte de revenir! Tant qu’à revenir, j’aimerais refaire la province. J’ai hâte de retrouver le public en région et de refaire des spectacles axés beaucoup sur la danse évidemment parce que je suis reconnu pour ça. Et aussi j’ai hâte de venir faire des présentations de Pourquoi je compte dans les écoles!
Pour ne rien manquer des activités de Steph Carse, rendez-vous sur son site web au www.stephcarse.com
ou visitez sa page Facebook ici.